L'accessibilité : une responsabilité partagée
Qui n’a pas déjà été confronté à un plan d’assemblage sans images pour illustrer les étapes ou à un service à la clientèle dans une langue qui lui est inconnue? Quelle frustration de ne pas comprendre l’entièreté du message comportant des informations importantes pour nous! Ces situations sont de celles où l’information nous était disponible, mais pas accessible.
En contexte scolaire, le service national du RÉCIT de l’inclusion et de l’adaptation scolaire (RÉCIT IAS) s’intéresse depuis quelques années à l’accessibilité de l’information transmise aux élèves et aux apprenants. La présence grandissante d’utilisateurs de fonctions d’aide dans les classes du Québec a permis de mettre en lumière les difficultés d’accès à l’information sur certains documents numériques. En parallèle, la recherche sur l’inclusion scolaire tend à favoriser une accessibilité universelle pour tous les élèves, peu importe leurs conditions. Cette accessibilité, selon les législations québécoise et canadienne, doit être présente dans tous les formats numériques tels que le texte, le son, la vidéo et même la visioconférence. Dans cet article, il sera question d’un bref historique de l’accessibilité, de son importance en lecture et en écriture dans toutes les disciplines et des moyens mis à votre disposition pour vérifier l’accessibilité de vos documents.
La petite histoire de l’accessibilité universelle
À l’échelle internationale, l’UNESCO a produit trois documents importants qui font la promotion du droit à l’information pour tous : La Convention relative aux droits de l’enfant (Article 13), la Déclaration universelle des droits de l’homme (Article 19) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (Article 19). En résumé, dans leurs articles respectifs, il est nommé que tous les humains ont le droit de recevoir et de communiquer librement des informations. L’accessibilité universelle revêt une telle importance aux yeux de l’UNESCO que, depuis 2015, le 28 septembre de chaque année est officiellement devenu la Journée internationale de l’accès universel à l’information (IDUAI).
Entre-temps, en 1999, le World Wide Web Consortium (W3C) établit des normes internationales pour le Web (WCAG 2.0) en fournissant des lignes directrices et des recommandations pour rendre le contenu du Web accessible à un large éventail de personnes handicapées. Le W3C est géré conjointement par le Massachusetts Institute of Technology aux États-Unis, le European Research Consortium for Informatics and Mathematics en Europe, l’Université Keio au Japon et l’Université Beihang en Chine. Une vingtaine de pays font partie de ce consortium.
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De notre côté du monde, des lois ont été votées en ce sens. En effet, c’est dès 1978 que le Québec se dote d’une loi sur l’inclusion des personnes handicapées. Cet écrit législatif a été modifié en 2004 pour s’adapter à la réalité du Web. Les ministères et les agences gouvernementales doivent maintenant adhérer, encore de manière volontaire, aux normes internationales du WCAG 2.0. C’est en juillet 2019 que la loi canadienne sur l’accessibilité voit le jour avec les mêmes exigences envers ses ministères et organismes gouvernementaux.
Les niveaux de lecture du WCAG en bref
Que signifient les lettres WCAG? Cet acronyme vient de l’expression anglophone Web Content Accessibility Guideline. En fait, « (s)uivre les règles (du WCAG) rendra les contenus accessibles à une plus grande variété de personnes en situation de handicap, incluant les personnes aveugles et malvoyantes, les personnes sourdes et malentendantes, les personnes ayant des troubles d’apprentissage, des limitations cognitives, des limitations motrices, des limitations de la parole, de la photosensibilité et les personnes ayant une combinaison de ces limitations fonctionnelles. Suivre ces règles rendra aussi les contenus Web souvent plus faciles d’utilisation aux utilisateurs en général. »
Il existe différents niveaux de lecture du WCAG. Le premier niveau de lecture met de l’avant quatre principes fondamentaux pour l’accessibilité des contenus Web. Ces principes sont aussi valables lors de la production de documents qui seront remis aux élèves. Selon le premier niveau de lecture, l’information devrait être perceptible (proposer des équivalents textuels et non textuels), utilisable (rendre possible l’utilisation des fonctions d’aide), compréhensible (rendre le texte lisible et compréhensible) et robuste (optimiser l’utilisation de l’information pour tous).
Une douzaine de règles se greffent aux différents niveaux de lecture pour que les auteurs vérifient si leurs documents sont accessibles. Le RÉCIT IAS, en partenariat avec le ministère de l’Éducation, élabore présentement un guide du savoir-écrire numérique afin de partager les grands principes d’accessibilité pour tous à respecter lors de la création de documents à remettre aux élèves. Les créateurs de ces documents peuvent être des enseignant(e)s, des orthopédagogues, des éducateur(trice)s spécialisé(e)s, des conseiller(ère)s pédagogiques, etc. En somme, tout le monde est concerné par l’accessibilité!
Pourquoi parler d’accessibilité en milieu scolaire?
Depuis plusieurs années, les fonctions d’aide à la lecture et à l’écriture sont présentes dans les classes québécoises. La Direction de la sanction des études du Ministère a tenu compte de cette réalité dans un souci de justice, d’égalité et d’équité pour l’ensemble des élèves. D’ailleurs, comme l’indique la ligne du temps plus bas, c’est à partir de 2005 qu’on voit apparaître des mesures d’adaptation et une précision sur les clientèles visées. Il est intéressant de constater l’évolution de ces deux facteurs à travers le temps. Quatre dates sont importantes à retenir :
2006 : En plus de la naissance de la politique de l’accès aux documents et aux services offerts au public pour les personnes handicapées, les bulletins Info-Sanction du Ministère optent pour l’appellation « élèves à besoins particuliers » pour l’ensemble des utilisateurs de mesures d’aides technologiques.
2010 : Il ne sera plus nécessaire à partir de ce moment d’avoir un diagnostic médical pour bénéficier d’aides technologiques. Comme cette attribution s’appuie maintenant sur le concept de besoin, de plus en plus d’élèves deviennent des utilisateurs de ces mesures de soutien technologique. En outre, ces outils sont désormais autorisés dans l’ensemble des domaines d’apprentissage.
2019 : Entrée en vigueur de la loi canadienne sur l’accessibilité. Cette loi oblige tous les organismes qui relèvent de la juridiction fédérale à rendre disponibles des documents accessibles pour tous.
2021 : Le bulletin Info-Sanction du Ministère partage les balises à respecter dans une perspective où le numérique est utilisé par tous les élèves de la classe lors de la passation des épreuves ministérielles.
Même si rendre accessibles les documents qui sont remis aux élèves se fait dans une intention de soutenir les élèves utilisateurs de mesures d’aides technologiques, sachez que cette action sert à tous! Sans le savoir, nous aiderons peut-être un ou plusieurs élèves à mieux saisir un concept parce que nous avons fourni une vidéo, une transcription de vidéo ou un support audio. En offrant plusieurs moyens de représentations et d’expressions à nos apprenants, nous leur permettons de dévoiler leur plein potentiel. De plus, une multitude d’outils numériques sont mis à notre disposition afin de vérifier le niveau d’accessibilité de nos documents. Le bouton Vérificateur d’accessibilité disponible dans les produits Microsoft ou l’extension Wave de Google sont d’excellents exemples.
Déjà, en respectant les règles minimales d’accessibilité, nous entamons tous un premier pas vers l’inclusion des élèves ayant des besoins, peu importe leurs conditions.
Ressources pour aller plus loin :
- Vos textes sont-ils accessibles?
- Vos présentations PowerPoint sont-elles accessibles?
- Vos pages Excel sont-elles accessibles?
- Webinaire JNÉ 2020 : Vos documents sont-ils accessibles pour tous vos élèves?
- Cadre de référence sur l’accessibilité
Documentation scientifique consultée :
L’inclusion scolaire : ses fondements, ses acteurs et ses pratiques; sous la direction de Prud’homme L., Duchesne, H., Bonvin, P. et Vienneau, R.; 2016; De Boeck Supérieur; 215 pages.
Inclusion scolaire, Dispositifs et pratiques pédagogiques; Tremblay, P.; 2012, De Boeck éducation; 152 pages.
La pédagogie de l’inclusion scolaire, un défi ambitieux et stimulant; sous la direction de Nadia Rousseau; 2015; Presses de l’université du Québec; 510 pages.
Planifier son enseignement au secondaire; sous la direction de Granger, N., Portelance, L. et Messier, G.; 2020; JFD éditions, 217 pages.
Source de l’image de la couverture :
Marie-Josée Marineau-Harnois, conseillère pédagogique au service national du RÉCIT de l’inclusion et de l’adaptation scolaire, en collaboration avec Isabelle Demers et Martin Gagnon, conseillers pédagogiques au service national du RÉCIT de l’inclusion et de l’adaptation scolaire et Marie-Eden Bergeron, professionnelle en développement pédagonumérique au ministère de l’Éducation