09 February 2018

Une typologie des 5 types d'aides technologiques à l'apprentissage

Dans cet article, Jean Chouinard, conseiller pédagogique au RÉCIT national en adaptation scolaire, propose une typologie qui illustre les 5 types d’aides technologiques à l’apprentissage.

C’est en 2008 que fut mise en place la directive de la Sanction des études qui autorisait l’utilisation des aides technologiques à la lecture et à l’écriture en contexte d’évaluation ministérielle pour les élèves ayant des besoins particuliers. Depuis, le nombre d’attributions de ce type d’aide aux élèves ayant des difficultés marquées et persistantes en lecture et en écriture n’a fait qu’augmenter d’année en année. L’importance qui est accordée à ce type d’aide peut même donner l’impression que la mesure 30810-2 n’est dédiée qu’à ce type d’aide technologique.  Il est donc important de se rappeler que cette mesure favorise l’accessibilité aux aides technologiques pour l’ensemble des élèves en situation de besoins pédagogiques, c’est-à-dire tous les élèves qui éprouvent des difficultés marquées et persistantes ou des incapacités à atteindre les exigences reliées à la réalisation des tâches, le développement de compétences ou l’atteinte d’un état. Ces situations ne sont pas uniquement reliées à la lecture et à l’écriture. La diversité des situations de besoins fait donc appel à une diversité d’aides technologiques.

Pour mieux cerner mon propos, je vous propose une typologie qui fait état de 5 types d’aides technologiques à l’apprentissage. J’entends par « Aide à l’apprentissage », une aide technologique utilisée par l’élève pour « l’assister » dans son apprentissage en lui permettant de contourner, palier, ou compenser une difficulté marquée et persistante ou une incapacité à réaliser une tâche, à développer une compétence ou à atteindre un état qui lui serait difficile de réaliser, de développer ou d’atteindre sans le recours à cette technologie. Cette aide technologique doit offrir des modalités qui misent sur les capacités de l’élève de façon à lui permettre de combler son besoin pédagogique.

L’aide technologique à l’apprentissage doit principalement être centrée sur l’atteinte de l’autonomie de l’élève. Cette aide doit lui conférer un rôle actif, lui permettant de créer, de produire, de collaborer, d’interagir et de communiquer. Plus précisément, les aides à l’apprentissage sont principalement des logiciels-outils. Les logiciels ou applications de type « exerciseurs » doivent plutôt être classés comme aides à l’enseignement ou aides à la rééducation.

 


Il s’agit d’une aide technologique qui assiste l’élève qui éprouve des difficultés marquées et persistantes dans la réalisation de tâches ou dans le développement, l’exercice et la démonstration de compétences disciplinaires : français, mathématiques, histoire, etc. C’est dans cette catégorie que se retrouvent les aides à la lecture, à l’écriture (planification, rédaction, révision-correction) et à la prise de notes, l’annotation et la consignation numérique. On y retrouve également des aides pouvant soutenir l’élève dans la réalisation de tâches en mathématiques (algèbre, géométrie, etc.).

Il s’agit d’une aide technologique qui assiste l’élève qui éprouve des difficultés marquées et persistantes à accéder à des outils technologiques lui permettant de compenser ses difficultés/incapacités.  Ces aides offrent à l’élève des modalités d’accessibilité à ses outils technologiques de façon à lui permettre de les exploiter pour faire des apprentissages. Ces aides favorisent une ergonomie qui facilite l’utilisation des outils technologiques en contournant des incapacités physiques (motrice), ou sensorielles (vue, ouïe). On parlera alors de modes d’accès :

  • souris ergonomique, mini-souris, souris pour gaucher ou droitier;
  • clavier ergonomique, clavier agrandi, clavier réduit, clavier une main, clavier virtuel à l’écran;
  • écran ergonomique, écran agrandi, caméra document;
  • pointeur à l’écran, balayage sur les mots et phrases avec adaptateur;
  • sous-titrage, médaillon en langue des signes québécois (LSQ) ou lecture labiale.

Il s’agit d’une aide technologique qui assiste l’élève qui éprouve des difficultés marquées et persistantes ou une incapacité à communiquer oralement en lui offrant des modalités qui lui permettent de se faire comprendre. Les limitations de cet élève se manifestent par son incapacité à se faire comprendre par ses proches et son environnement scolaire et social, occasionnant un isolement et altérant sa capacité à interagir et à accéder à une participation scolaire et sociale active. On parlera alors d’aide technologie de type « tableau de communication ». Ce type d’aide que l’on retrouve de plus en plus sur tablette numérique (exemples : TalkTablet, Go talknow, Prologuo, etc.) offre à l’élève des options pour lui permettre de communiquer avec l’aide d’un tableau qui affiche un certain nombre de pictogrammes ou d’idéogrammes. Il suffit à l’élève de cliquer sur un pictogramme pour faire afficher et prononcer le message qui lui est associé. Une voix synthétique ou une voix humaine enregistrée prononce le message. L’élève peut aussi composer des phrases et les faire prononcer. Certains tableaux offrent aussi la possibilité de composer un message à l’aide d’un clavier.

Il s’agit d’une aide technologique qui assiste l’élève qui éprouve des difficultés marquées et persistantes à développer son autonomie, à participer activement et à être fonctionnel en lui offrant des modalités qui vont soutenir sa quête d’autonomie fonctionnelle. Ce type d’aide s’adresse aux élèves les plus vulnérables, particulièrement ceux qui sont en modification. On favorisera alors l’exploitation d’aides et de fonctions d’aides technologiques qui permettront à l’élève d’augmenter ou de préserver son autonomie fonctionnelle lors de différentes situations de la vie courante et façon à soutenir l’acquisition d’habitudes de vie. On pense ici à des élèves pour qui la lecture et l’écriture sont inaccessibles ou limitées et pour qui il devient indispensable de miser sur la mission sociale. Ce type d’aide est principalement orienté vers les applications pour appareil mobile (tablette ou téléphone) ou même baladeur numérique permettant à l’élève de bénéficier d’une diversité d’applications pertinentes pour plusieurs types de situations sociales : s’orienter, se déplacer ou se dépanner dans l’espace, bien s’alimenter, réaliser des tâches en séquences, convertir des unités (temps, poids, mesure), disposer de fonctions d’aide de compensation à la lecture (synthèse vocale) et l’écriture (écriture vocale). On s’adresse aux élèves les plus vulnérables du primaire, mais aussi du secondaire,  notamment aux élèves inscrits dans la démarche TÉVA, ceux inscrits en  FMS-FPT qui quitteront bientôt l’école et dont il faudra augmenter leur potentiel d’inclusion et d’employabilité.

Il s’agit d’une aide technologique qui assiste l’élève qui éprouve des difficultés marquées et persistantes à maintenir une attention soutenue, à gérer son anxiété, à établir des relations harmonieuses avec ses pairs, de façon à lui permettre de réduire les effets de ces difficultés ou d’atténuer ces difficultés pour favoriser des conditions qui facilitent son apprentissage. Les aides à l’écriture et les appareils mobiles et les applications offrent des fonctions d’aide qui assistent ce type d’élève dans sa quête de normalisation de son état socioaffectif ou attentionnel. Par exemple, plusieurs fonctions d’aide à la lecture et à l’écriture (rétroaction par synthèse vocale, mise en évidence du mot lu, alertes visuelles de Word pour le repérage des fautes orthographiques lexicales et grammaticales, etc.) peuvent assister l’élève ayant un déficit de l’attention à soutenir son attention en lecture et l’aider à repérer ses fautes d’orthographe occasionnées par son manque d’attention. Des applications reliées à la gestion du temps et à l’organisation (minuterie, alarme, agenda, post-it) peuvent également soutenir l’élève pour contourner ses difficultés à s’organiser. Il existe également des applications pour apprendre à gérer son anxiété (ex : respireRelax) ou pour mieux gérer des situations relationnelles (scénarios sociaux sur support numérique).

Nous savons que des difficultés d’ordre socioaffectif ou attentionnel ont des répercussions importantes qui altèrent la capacité de ces élèves à atteindre les exigences de certaines tâches ou compétences. Certaines fonctions d’aides, sans être une panacée et qu’on ne doit surtout pas confondre à une pilule technomédicamenteuse, lorsqu’elles sont exploitées avec une intention pédagogique et des stratégies métacognitives,  peuvent justement favoriser une réduction de l’anxiété, une attention plus soutenue et un assouplissement de la rigidité ainsi qu’une meilleure compréhension des relations, bref offrir des conditions qui favorisent un meilleur apprentissage.

En conclusion, la polyvalence, la diversité et la puissance des aides et des fonctions d’aide technologiques nous permettent, à nous, intervenants scolaires, de disposer d’options pédagogiques, qui, ajoutées à notre propre expertise, offrent des pistes de solution à des problématiques diverses et qui s’adressent à l’ensemble de nos élèves handicapés ou en difficultés de toutes sortes, sans exclusion.

Bref, des moyens technopédagogiques qui favorisent l’accessibilité à la réussite éducative et scolaire, à la participation active et à l’inclusion… pour tous.

 

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